Contexte : Voici le 2ème épisode de notre série ultra-prospective Ma vie en 2050, consacré à la ville et aux déplacements de 2050, et centré sur Paris.
Mise en garde : Toutes les situations présentées sont hypothétiques et imaginées par notre équipe. Bien qu’elles soient fondées sur des projets réels, elles ne sont en aucun cas un miroir exact de la vie en 2050.
Objectif : Notre série a pour vocation de susciter des interrogations et d’ouvrir la réflexion à notre vie future.
Paris, mon Amour.
Depuis 35 ans, Paris a bien évolué. Tout en conservant son charme historique, les projets d’urbanisation l’ont rendu plus moderne et plus agréable à vivre que dans les années 2010-2020 : la pollution, les encombrements des rues et les nuisances sonores sont bien moindres qu’à l’époque ! L’écologie et le bien-être des habitants ont été les deux drivers de la transformation de l’Ancien Paris au Smart Paris que l’on connaît aujourd’hui.
Le Nouveau Paris ne s’est pas étendu que dans sa superficie : les nouveaux bâtiments se sont surtout construits au-dessus des anciens pour agrandir la ville dans les airs. La canopée végétale sur les toits de Paris est une vraie réussite. Elle permet aux piétons de se déplacer en toute tranquillité et de profiter de grands espaces verts. Toutefois, Paris est restée une ville très dynamique : la circulation des idées lui confère une énergie unique.
(cf insight #1 – projet Smart City 2050 de Vincent Callebaut Architecture)
Transports : Big City is guiding us !
Concernant nos déplacements, toute la circulation est gérée par Moovebot, l’intelligence artificielle de sûreté du trafic universel. Bien entendu, aucun humain n’est autorisé à piloter de véhicule ou à choisir son itinéraire. C’est Moovebot qui s’occupe de tout, pour fluidifier le trafic et optimiser le temps de transport et la sécurité de tous les passagers. Il s’informe auprès de nos bots cérébraux pour savoir quand nous allons partir, vers quelle destination, etc.
Tous les véhicules étant silencieux, énergétiquement autonomes et non polluants, leur nombre a énormément augmenté depuis 35 ans ! C’est incroyable de pouvoir gérer autant de véhicules ! Moovebot gère tout type de transports : les véhicules terrestres (voitures autonomes), aériens (drones habités autonomes) et fluviaux (bulles autonomes volant sur la Seine).
Sauf événements exceptionnels, les piétons ne peuvent pas circuler sur la chaussée. Traverser une rue serait bien trop dangereux ! Ils doivent se déplacer sur la canopée végétale. Dans tous les cas, il ne serait pas très agréable de marcher sur la route car tous les drones (habitables ou de transport de marchandises) voleraient au-dessus de nos têtes !
Tous les véhicules appartiennent à la ville et sont partagés. Mais ce n’est pas pour autant que nous ne nous sentons pas « chez nous » à l’intérieur ! En effet, le design est totalement personnalisable : couleur de la carrosserie, motifs des sièges, etc. On peut acheter des programmes conçus par des designers reconnus ou s’en créer. Ma fille a conçu le design du plafond en incluant des photos de notre famille, et des dessins qu’elle avait effectués en classe. Dès que les véhicules sont inoccupés, ils deviennent caméléons pour se fondre dans le décor. Ils prennent l’apparence souhaitée dès qu’on les allume à distance (par commande de nos bots virtuels).
Bref, la circulation en ville, c’est top. Mais pour aller plus loin, comment ça se passe ?
Quand on dépasse l’échelle de la ville, le réseau Hyperloop permet de rejoindre les grandes villes de France et les hubs internationaux en un temps record. Paris-Prague en 30 minutes, c’est quand même super pratique.
On peut aussi voyager dans l’espace aujourd’hui. Ce sont principalement les usines qui s’y installent : pour nous, ça reste encore long et fatigant ! En tous cas, les explorations spatiales ont permis de capturer les images, odeurs, sons, sensations du vent et de la température… qui nous permettent de vivre l’expérience en réalité virtuelle depuis chez nous. Dans le système solaire, seule Vénus n’a pas encore été explorée, c’est le prochain projet de SpaceX en partenariat avec AlibabaXplo.
(cf insight #2 – projet de véhicules fluviaux Sea Bubbles d’Alain Thébault et insight #3 – projets Hyperloop et SpaceX d’Elon Musk)
Le ventre de Paris : comment la ville nous nourrit-elle ?
Comment sont organisés les flux de marchandises pour approvisionner les foyers ? Une partie de notre alimentation domestique passe par l’impression 3D de plats dont le programme est acheté virtuellement sur des plateformes de recettes multi-marques. L’approvisionnement en recharges d’ingrédients se fait par drones qui nous livrent directement (chaque appartement possède un sas dédié). Les usines produisent donc les matières premières, la transformation se fait ensuite chez soi. Cela concerne l’alimentation pratique au quotidien.
Pour une expérience plus authentique, on trouve des épiceries de bouche et des maraîchers dans les halles de quartiers, situées sur la canopée. Ce sont des lieux vivants et conviviaux dans lesquels nous aimons flâner le weekend et retrouver le plaisir de voir et toucher des produits « vrais ». Pour acheter les fruits et légumes que nous ne cultivons pas chez nous, nous nous rendons dans les fermes urbaines verticales qui sont présentes dans tous les quartiers. Cela nous permet d’avoir une consommation ultra locale, ultra-fraîche et sans conservateur et de limiter les voyages inutiles d’aliments.
Les courses sont systématiquement livrées chez les gens par drones pour leur éviter de porter de lourds cabas et de devoir prendre les ascenseurs en étant chargés !
Le Nouveau Paris, un pari énergétique.
Paris est une ville écologique, durable et énergétiquement autonome. Les grains de smart dust disposés dans toute la ville enregistrent toutes les données du périmètre de 30m² que chacun gère. Par mise en relation de toutes ces données, l’intelligence artificielle de la ville suit des algorithmes d’optimisation d’énergie en temps réel. Cela permet, par exemple, de régler l’intensité de l’éclairage de la canopée en fonction de la luminosité naturelle. Ce sont des arbres qui éclairent la ville grâce à une modification génétique inspirée des vers luisants. Evidemment, ils économisent de l’énergie en n’éclairant pas les lieux si personne n’y est présent !
Les lieux de divertissement sont aussi de formidables fournisseurs d’énergie pour la ville : en tête arrivent les squares d’enfants (trampolines, toboggans, tourniquets, balançoires à piston…), suivis des stades de sport et des boîtes de nuit. En effet, tous les sols modernes sont dallés avec des récupérateurs d’énergie : chaque pas génère ainsi de l’énergie ! Les arbres à vent disséminés dans la ville aux endroits les plus ventés sont aussi très efficaces.
Les logements et résidences sont aussi autonomes en énergie (dans tous les cas nos habitudes sont beaucoup moins consommatrices d’énergie qu’au début du siècle, cf article L’habitat en 2050). Les pompes à chaleur et centrales de combustion sous les immeubles qui produisent de la chaleur par biomasse avec les déchets envoyés directement par des conduits. Toute énergie non consommée est redistribuée à la ville.
(cf insight #4 – projet d’arbres luminescents de l’Université de New-York, insight #5 – tourniquets fournisseurs d’énergie d’Empower Playgrounds, insight #6 – projet smart dust de la DARPA et insight #7 – projet de pavés récupérateurs d’énergie de Pavegen)
Nouvelle éducation pour une nouvelle ville
La rapidité et facilité des nouveaux transports dans Paris (couplées au développement de la réalité virtuelle) a été bénéfique pour l’éducation ! En effet, les élèves n’ont plus une seule maîtresse à un endroit donné comme dans les années 2010-2020, mais des intervenants experts pour chaque matière. Ils se rendent dans des centres spécialisés de la ville plusieurs fois par jour. Les moyens de transports sont extrêmement sûrs grâce à Moovebot, donc cela ne pose aucun problème de sécurité ou de logistique. Cette facilité de déplacements a changé le schéma traditionnel de l’école. Par ailleurs, les écoles travaillent en partenariat avec les mairies d’arrondissement et les élèves travaillent sur des projets pour la ville.
Quand nature et technologie cohabitent…
Pour les loisirs, il existe des centres de sport ou de loisirs fixes, mais les offres de divertissement pop-up à la demande se développent beaucoup. On peut se retrouver à quelques amis et constituer une salle d’immersion sensorielle virtuelle quand bon nous semble. Elle disparaîtra automatiquement à la fin de la projection. Il est fréquent de rencontrer ces bulles holographiques dans les parcs de la canopée.
Maison, boulot, dodo
Paris est aujourd’hui très attractive pour les entreprises : elles ont tout intérêt à s’implanter au cœur de la capitale puisque la qualité de vie est idéale. En s’y installant, elles vont être plus attrayantes et recruteront plus facilement des talents. C’est un cercle vertueux, tant pour les entreprises que les salariés et la ville ! Tous les quartiers de Paris sont donc aujourd’hui un mix entre entreprises et particuliers. On n’entend que rarement les expressions « quartier d’affaires » ou « quartiers résidentiels ».
En bref, une ville propre, écologique et organisée à la verticale.
Paris a donc conservé ses anciennes architectures et son charme historique. Les plans d’urbanisation l’ont principalement étendu dans les airs. Une canopée relie tous les toits des bâtiments parisiens et forme un espace vallonné entièrement piéton et très arboré. L’intelligence artificielle Moovebot gère tous les véhicules de transport, qu’ils soient sur terre, sur l’eau ou dans les airs. La sécurité est ainsi entièrement assurée par des algorithmes d’optimisation et de sûreté très poussés. Paris est une ville écologique et autonome en énergie. Les technologies électriques l’ont aussi rendu beaucoup plus silencieux : il fait bon vivre à Paris !
Les questions que ce futur pose :
Si une intelligence artificielle comme Moovebot gère tous les moyens de transports parisiens, cela a le grand avantage de prévoir les déplacements de tous les véhicules et d’éviter les accidents. Mais que se passera-t-il si cette intelligence artificielle se fait hacker ? Par ailleurs, nous voyons dans ce récit que les transports sont organisés en trois couches : les véhicules terriens et fluviaux au niveau du sol, les drones dans les airs et la canopée pour les piétons au-dessus de Paris. Mais si un drone habitable tombe en panne, cela signifie qu’il tombera sur le trafic terrestre ! La circulation à étages permet de désengorger le trafic, mais apporte d’autres interrogations …
La semaine prochaine… découvrez à quoi ressemblera la vie professionnelle en 2050 !
Rendez-vous la semaine prochaine pour découvrir le troisième épisode de notre série prospective Ma vie en 2050. Micro-usines, tests virtuels, robotisation et bien d’autres thèmes sont au programme ! Bonne réflexion d’ici-là !
Qu’est-ce qui nous a fait imaginer ce futur de Paris ? Signaux faibles : exemples et projets en cours
Insight #1 : le nouveau Paris construit au-dessus du Paris historique – Projet de Vincent Callebaut
Le cabinet d’architecture de Vincent Callebaut a travaillé sur un projet intitulé Paris Smart City 2050. Dans ce projet, de réelles « montagnes architecturales » (dotées de dispositifs solaires et hydrodynamiques) sont construites sur les bâtiments existants de la rue de Rivoli.
Insight #2 : Les véhicules fluviaux – projet Sea Bubbles d’Alain Thébault
Alain Thébault, l’inventeur de l’hydroptère, est en train de développer un nouveau type de véhicule, intitulé Sea Bubble. Il s’agit d’un petit bateau quatre places qui vole au-dessus de l’eau grâce à des foils (sur le même principe que l’hydroptère justement).
Insight #3 : train à ultra-grande-vitesse et exploration sur Mars – Projets d’Elon Musk
Elon Musk est sans conteste un visionnaire de notre temps. Il a lancé Hyperloop en 2013. Il s’agit d’un nouveau moyen de transport propulsant des capsules de passagers dans un tube grâce à des coussins d’air, à une vitesse de 1000 km/h. Il a également fondé l’entreprise Space X qui est une agence d’exploration spatiale. SpaceX prévoit déjà d’envoyer des humains sur Mars dès 2024 !
Insight #4 : Les arbres luminescents – projet de l’Université de New-York
Alex Krichevsky, un chercheur de l’université de New York, est à l’origine de travaux sur la luminescence végétale. En intégrant des séquences ADN de bactéries marines luminescentes dans le code génétique de végétaux, les plantes modifiées émettent de la lumière à la nuit tombée ! Si pour le moment cela ne fonctionne que sur de petites pousses, nous imaginons qu’en 2050 des platanes pourront être modifiés génétiquement et ainsi éclairer les espaces publics !
Insight #5 : Les tourniquets produisant de l’électricité – projet Empower playgrounds
Empower Playgrounds est une startup qui souhaite favoriser l’éducation au Ghana. Ils ont développé un tourniquet producteur d’énergie qui permet d’alimenter des lampes de lecture pour les élèves. Une idée à élargir à tous les jeux des squares : les enfants sont de véritables piles électriques : profitons-en !
Insight #6 : Smart dust – projet de la DARPA
La commission de recherche de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a imaginé le projet de smart dust (littéralement « poussière connectée ») dès les années 1990 ! Le principe est de créer un réseau sans fil de micro-particules connectées les unes aux autres. Chacune permet de mesurer de nombreuses données, comme la lumière, la température ou les vibrations. Aujourd’hui (2016), ces micro-capteurs font déjà la taille d’un grain de sable.
Insight #7 : Des pavés pour générer de l’électricité en marchant – Projet Pavegen
Pavegen est une startup qui a développé des dalles à récupération d’énergie. Chaque pas posé sur une dalle génère de l’énergie, proportionnelle à la force de sa pression. Une belle idée pour fournir de l’électricité à la ville au quotidien.
Image à la une réalisée avec une photo de ©Vincent Callebaut Architecture