Le secteur de l’automobile est en pleine révolution. Enjeux économiques, environnementaux, sécuritaires, sociologiques…. Quelle place tient la voiture au sein de notre société et quelle place tiendra-t-elle demain ?

La voiture est pleine de signes et riche de sens. Code social majeur, l’automobile est fortement liée à la notion de propriété qui est – comme tout le monde le sait – complètement remise en question par les jeunes générations et challengée par l’économie du partage.

Toutefois, l’engouement suscité une fois de plus au Mondial de l’Auto cette année nous démontre combien l’automobile est ancrée dans les mentalités et à quel point cela reste un marqueur fort de reconnaissance sociale dans notre société. Comme l’avait fait Barthes à son époque avec la DS, nous pouvons aujourd’hui encore parler de « mythologie » contemporaine au sujet de l’automobile.

Il est intéressant de soulever la tension forte qui est exercée par l’environnement sur les populations pour tenter – non sans peine – de couper les racines fétichistes qui les attachent à l’objet-voiture en tant que bien de propriété privée. Cette tension résulte de cinq facteurs :

1. Une urgence environnementale, une réponse publique.

Personne n’est sans savoir que la planète se porte mal et qu’elle est en passe de se détériorer davantage et de perdre ses richesses si nous n’agissons pas. Plus qu’un enjeu, protéger l’environnement est une nécessité. Les organisations internationales ne manquent pas d’alarmer politiques et collectivités à ce sujet. Nous voyons émerger de nombreux signaux faibles qui montrent que la prise de conscience se fait progressivement au niveau public

2. Des alternatives à la propriété pointent leur nez.

Bien évidemment, l’économie collaborative a été centrale dans le développement de l’offre alternative à la propriété. Un conducteur n’est plus obligé de posséder une voiture à titre personnel pour s’en servir. Que ce soit par le partage d’un trajet, l’emprunt d’un véhicule ou le développement de biens collectifs, les nombreuses startups du domaine – que l’on ne cite plus – témoignent du fait que l’usage prend clairement le pas sur la propriété.

3. Un changement de statut pour l’automobile.

Fondamentalement, la voiture n’a plus le même rôle qu’il y a quelques années. L’expérience prime sur la possession. Il suffit de voir les publicités des constructeurs automobiles pour réaliser que la performance technique de la voiture n’est plus au cœur des préoccupations. L’expérience, le confort, le divertissement et le bonheur des utilisateurs ou l’image que renvoie la voiture sont davantage promus. L’emphase est d’ailleurs autant mise sur les passagers que sur le conducteur.

Par ailleurs, le développement des voitures autonome participe largement à la mutation de la voiture comme espace de vie et moyen de transportation, plutôt que comme outil de pilotage. En effet, c’est la voiture qui a le contrôle de la route et des directions. Le titre de conducteur ou de pilote n’aura donc bientôt plus lieu d’être… Les voitures sont décidément en passe de devenir des salons mobiles ! De plus, la voiture autonome a changé la relation de l’objet à son environnement. Les voitures autonomes ne sont plus uniquement tournées vers l’intérieur mais extrêmement alertes sur ce qui se passe autour d’elles. Le changement de paradigme est total. On vous avait prévenus.

 

4. Une offre des constructeurs de plus en plus écolo.

Afin d’être en phase avec les réglementations en vigueur, pour profiter des aides gouvernementales, ou pour avoir un positionnement marqué en faveur de l’environnement, les constructeurs automobile ont bien compris que l’écologie est un enjeu majeur de notre temps et ils déploient leur offre en conséquence. Voitures hybrides et électriques tiennent une place de plus en plus importante dans leurs gammes. Ils travaillent également sur de nombreux projets pour gommer les inconvénients de la voiture électrique (temps de charge, branchements, etc.). Nous sommes en route vers une conduite plus verte !

5. Des nouveaux moyens de transports se développent en parallèle.

Parallèlement au changement de statut et de fonctionnalité de l’automobile, des moyens de transport révolutionnaires entrent en jeu. Voitures volantes, véhicules autonomes, drones habitables … nous nous rapprochons sérieusement de la sphère de la science-fiction !

A l’autre bout du spectre, la vague du Do-It-Yourself a déferlé sur nos vies… et donc aussi sur la manière dont nous pensons nos moyens de transport ! La tendance cyclo s’est largement installée au sein de notre société, et les logiques makers ou encore Jugaad ouvrent de nouvelles possibilités –le but étant de pouvoir réparer personnellement son moyen de locomotion si un problème se présentait.

En bref, et demain ?

Ainsi, l’automobile telle que nous la connaissons aujourd’hui est en voie de disparition ! Si la voiture reste culturellement fortement ancrée dans nos mentalités, ces racines se désagrègent progressivement avec les générations Y et Z qui prennent le relais.

Le plaisir de la conduite ne sera peut-être dans quelques décennies plus qu’une activité réservée à la pratique en clubs pour les passionnés ; elle ne sera en aucun cas une nécessité pour se déplacer, vue la multitude d’alternatives qui se seront développées. Nous imaginons que les transports de demain seront davantage des lieux de partage, de divertissement ou de détente (salons roulants). Les moyens de transport seront indéniablement plus respectueux de l’environnement (totalement électriques et avec un moyen de recharge automatisé). Ils seront aussi plus digitaux, connectés aux autres véhicules, et gérés par les collectivités (les véhicules privés seront peut-être uniquement pour les collectionneurs ?). Peut-être pourra-t-on gérer ses réglages, préférences esthétiques et sensorielles pour que la voiture que nous emprunterons soit toujours la même (en apparence du moins) ? Les seuls véhicules qui nous appartiendront seront probablement low tech et donc facilement gérables par nos soins (entretien et réparation). A l’inverse, des techniciens qualifiés de la ville s’occuperont de la gestion technique des véhicules collectifs. Cette supputation sonne donc également le glas des garages automobiles d’aujourd’hui… C’est toute la chaîne de valeur qui sera impactée par ces changements ! Par ailleurs, la circulation sur les routes sera sans doute beaucoup plus fluide car gérée par les voitures autonomes et désengorgée par la voie céleste qui transportera drones habitables et voitures volantes… Ainsi donc préparez-vous : le cinquième élément sera bientôt réalité !!

Toutefois…

Attention, il faut ménager nos propos et nuancer l’optimisme qui transpire à travers les lignes précédentes ! Bien que les transports automatisés et gérés par une autorité centrale puissent avoir de réels avantages en termes de sécurité et d’écologie, il ne faut pas oublier que les véhicules seront selon nos prévisions commandés par des intelligences artificielles (il n’y aura plus de pilote ayant le contrôle de la voiture). Ainsi donc, imaginez que des hackers arrivent à entrer dans le système et prennent la commande de nos véhicules comme des jeux télécommandés… Ça fait froid dans le dos(sier).

Voici une petite vidéo (assez ancienne, certes, mais qui soulève de nombreuses questions), montrant un homme dont  ses amis prennent à distance le contrôle de sa voiture. Heureusement qu’il s’agissait de ses amis… !

(Voir la vidéo)

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